Comme d’autres formations politiques en cette fin août la France insoumise faisait sa « rentrée ». C’était à Marseille de jeudi à dimanche dernier. Et comme toutes les formations politiques la France insoumise se prépare pour les prochaines élections, qui seront les européennes en juin 2019, et elle annonce vouloir les gagner. Jusque là rien de nouveau. Cet article peut s’arrêter là, au risque de devenir complètement banal et parfaitement ennuyeux.
Et bien non, cet article va continuer ! Parce que la double question que nous posons, nous les insoumis.e.s, n’est pas banale : face aux urgences, voulons nous laisser faire ou voulons- nous que ça change ? Et si nous voulons que ça change, quel moyen voulons nous utiliser ?
Climat, partage des richesses, démocratie, services publics, relations internationales, banditisme… ne perdons pas notre temps à énumérer et détailler ce qui ne va pas et qui est déjà connu. Face à ces sujets qui fâchent ou qui angoissent l’important est de savoir si on laisse faire ou si on agit pour que ça change. Et la question se pose à tout.e.s les citoyen.ne.s électrices et électeurs et pas qu’à des militant.e.s comme nous. Notre réponse est claire et nous voulons persuader le plus grand nombre qu’il est logique d’arriver à celle-ci : ne pas agir c’est d’abord laisser la situation s’aggraver, et ensuite c’est laisser à d’autres le soin de décider. Et l’histoire nous apprend ce que ça donne : une minorité prend des décisions conforme à ses intérêts particuliers, qui s’avèrent contraires à l’intérêt général.
Donc il faut agir : il faut que nous, le peuple, nous prenions le pouvoir des mains de cette oligarchie financière qui nous emmène dans le mur ! Mais par quel moyen : les armes ou le bulletin de vote ?
On peut nous objecter que cela fait 30 ans que l’on vote tantôt pour une « couleur » tantôt pour une autre et que rien ne change. Mais à cela nous répondons que depuis 1958 nous votons dans le contexte de la 5ème République, qui fait du Président un monarque ne rendant aucun compte de ses promesses de candidat devant le peuple qui l’a élu. Et nous apportons des solutions pour en finir avec cette persistance monarchique et rendre le pouvoir au peuple : avec Jean-Luc Mélenchon candidat aux élections présidentielles de 2012 et 2017, nous sommes les premiers a avoir mis en tête de notre programme l’adoption d’une 6ème République où les citoyen.ne.s pourront révoquer un élu qui n’appliquerait pas son programme, Président de la République inclus. Autrement dit nous voulons donner aux citoyen.ne.s le pouvoir de sanctionner les élus menteurs ou paresseux, à commencer par nous mêmes !
En France la Révolution de 1789 est l’image quasi exclusive de l’action radicale pour changer les choses : pour renverser le roi et les privilèges des aristocrates il a fallu prendre les armes. Dans nos représentations communes il n’y a pas d’alternative entre laisser faire l’ordre établi ou le renverser par la force. Si on y ajoute l’exemple de la Révolution Russe de 1917, c’est comme s’il n’y avait pas de révolution possible sans l’usage des armes. Or l’histoire nous apprend deux choses au moins sur les révolutions violentes : oui elles sont bien un moyen pour le peuple de se défaire dans un premier temps d’un pouvoir arbitraire, mais dans un deuxième temps leur nature violente persiste sous formes de fortes tensions politiques et sociales qui peuvent aller jusqu’à invalider les acquis que la révolution avait initialement apporté au peuple. De l’histoire nous tirons donc la leçon qu’une révolution violente ne peut être qu’un moyen de dernier recours, le moyen ultime de renverser la domination arbitraire lorsqu’aucun autre n’est possible.
Or si notre démocratie n’est pas parfaite loin de là, elle donne encore la possibilité de décider d’un changement radical par le vote. L’élection du Front populaire en 1936 en est un bel exemple ! Il n’est pas resté longtemps au pouvoir, victime de l’hégémonie des conservatismes européens. Mais avec les congés payés il en reste en exemple indélébile qui ne demande qu’à être reproduit et amplifié. Pour cela il faut se donner la peine de s’informer sur qui est qui, sur qui propose quoi. Car tout ne se vaut pas : il faut prendre la peine de faire le tri entre des programmes politiques dont tous les points vont dans le sens de l’intérêt général, et d’autres programmes qui vont opportunément dans tous les sens pour mieux cacher les intérêts particuliers qu’ils servent ; il faut prendre la peine de faire le tri entre des responsables politiques sincères qui œuvrent pour l’intérêt général, et des politiciens qui manœuvrent pour leur carrière et les intérêts particuliers de leur classe sociale. Et surtout, il faut se persuader que c’est le plus grand nombre qui fait le résultat du vote, que nous n’arriverons à renverser l’oligarchie qu’en étant le plus possible à voter pour les candidat.e.s qui s’opposent à elle.
Quand Jean-Luc Mélenchon appelle à « donner une raclée démocratique à Macron » il n’appelle pas seulement à sanctionner un président monarque, il est le porte parole de notre insoumission envers toute forme de politique anti populaire, envers toute forme de domination de classe. A travers lui nous appelons à garder espoir en un avenir pour le peuple et par le peuple.
Oui, d’élection en élection nous pouvons faire la révolution par le vote !